De passage

L'Amiral Norrington se trouvait lui aussi sur les quais,ce matin-là.Malheureusement,il ne s'était pas levé quasiment à l'aube pour admirer le port aux premières du jour ni dans le but d'observer les arrivées et les départs de navires,mais pour faire son éternelle et lassante inspection des lieux.Accompagné d'un commis notant ses moindres remarques et d'un jeune lieutenant tout fraichement moulu de l'école de San Salvador venu passer quelques semaines à Port Royal,il cheminait tranquilement parmis les badeaux.Rien à signaler,comme toujours...
Pourtant,un bâtiment attira son attention,la fameuse propriété de mademoiselle Sawn.L'Hypnose ne figurait encore sur aucun rapport que l'officier avait pu lire,et ce petit mystère l'intrigua encore plus lorsqu'il vit un petit groupe de marins entourant d'une façon protectrice une jeune femme,peut-être leur capitaine.Etrange...Tellement que James en fronça les sourcils,signe de grande interrogation qui fut remarqué par ses deux collègues.Cependant,étant moins nombreux que les pirates,mieux valait ne pas se les mettre à dos tout de suite.James continua donc de marcher lentement,sur le bord du quai opposé au bateau,sans pour autant lâcher des yeux les nouveaux arrivants,et surtout la demoiselle inconnue.

James adressa un signe de tête à l'inconnue lorsque celle-ci paya.Si elle respectait au moins cette règle élémentaire,alors tout irait sans doute bien...Cependant,lorsque que son regard acier croisa celui de la jeune navigatrice,un frisson inexpliqué le parcourut,si bien qu'il dût le détourner.Quelle étrange impression ! Comme si on tentait de mettre à jour ses moindres petits secrets...Et Dieu savait que l'Amiral en avait,des secrets ! Avouables ou non...
Cependant,ce dernier ne put que remarquer l'étrange attitude des deux hommes qui,jusqu'à présent,n'avaient pas pris grand intérêt pour cette ronde : le commis fixait avec gourmandise la jeune femme,tandis que le lieutenant,rouge comme une tomate,hésitait à relever le nez vers elle.Norrington en fut outré : enfin,ils servaient la couronne et n'étaient pas rémunérés pour rêvasser à une gréable compagnie !

-Un peu de tenue,messiers ! ordonna-t-il à ses hommes,étonné de les voir ainsi mettre à part leur devoir.Et tâchez de ne pas oublier votre place.

Le commis regarda ailleurs,le jeune homme en uniforme se sentit encore plus mal et l'Amiral soupira,les yeux au ciel.
La curiosité le piqua alors et,laissant ses deux compères sur place,il alla s'enquérir du nom de la demoiselle auprès du responsable du Livre du Port.Certes,elle avait payé...Mais avait omis un petit détail.En oubliant qu'il était seul,James rattrapa la jeune femme avant de l'interpeler.

-Pardonnez-moi,mademoiselle,mais il est précisé qu'il vous faut fournir un nom en même temps qu'une caution pour amarer votre vaisseau au quai...

Il y avait dans son ton,mise à part une extrème politesse,une petite pointe d'ironie : une femme aussi provocante qu'elle gagnait tout à être mystérieuse,y compris le coeur des hommes.

Satine qui avait détourné le regard, son innatention avait provoqué une dispute au sein de son équipage... celle-ci calma tout de suite le jeu de façon autoritaire. Tous se turent et la regarda avec une certaine crainte mais aussi de l'admiration... ils admiraient leur capitaine de revenir sur sa terre natale afin de savoir si aucuns membres de sa famille étaient en danger ... et aussi pour les voirs et savoir à quoi chacuns d'eux ressemblent.
Alors qu'elle allait quitter le quai avec ses hommes, la jeune Satine fut prise au dépourvu par cet homme... celui avec qui elle avait joué au jeu du regard. Elle ne fût pas tellement étonné et avec une telle logique l'équipage sortie les épées et les pistolets ... Lise leur dit calmement :

- Du calme les enragés, ce gentil homme m'a simplement demandé mon nom, il ne m'a pas arrêté...

Tout comme lui, elle était restée extrêment poli mais biensur dans sa voix il y avait un soupçon d'ironie. Elle le regarda mystérieusement avec un petit sourire... celui qu'elle avait toujours dans ses moments là,puis d'un air décontracté elle répondit :

- Mon nom... est-ce si important que cela?

Satine souriat de nouveau avant de regarder le jeune homme qui tenait le livre et qui n'avait pas bougé d'un millimètre... Le pauvre, elle murmura son prénom et ce-dernier s'executa et écrivit le prénom de la jeune capitaine... cette dernière se tourna de nouveau vers l'amirale, enfin à voir l'insigne sur sa vest il était amirale. Elle reprit d'une voix toujours aussi mystérieuse :

- Mon prénom... Satine.

L'anglais n'avait pas été effrayé par la réaction défensive des matelots.Lui même avait posé,pour leur répondre,sa main sur le pommeau de son épée...Et pourtant,il se sentait assez en confiance : parmis des pirates,lui qui l'avait également été par le passé.
Mais le qualificatif de "gentilhomme" qui fut attribué à James refit naître au fond de l'âme de ce dernier la même impression dérangeante que tantôt.De ne pas être à sa place,d'être en danger,de devoir fuire loin d'içi et de se protéger...Mais de quoi donc ? Miss Satine venait de démontrer qu'elle n'était pas hostile aux militaires ni à la Compagnie des Indes,du moins en apparence.Mais ce que le gradé ignorait,c'était l'arme la plus puissante de la jeune femme : le charme.Et visiblement,les victimes se comptaient par dizaines.Mais Norrington restait parfaitement calme,visiblement imperméable à la beauté de la pirate.Bon d'accord,elle était plutôt jolie.Et après ? Et cette neutralité,durerait-elle dans le temps,résisterait-elle au son de la voix de la capitaine,à ses mouvements ondoyants,à sa féminité féline ? C'était que l'anglais avait une vie personnelle fort tourmentée ces derniers temps et il n'avait pas vraiment la tête à faire de nouvelles conquêtes !
Après un rapide regard porté sur les hommes de la demoiselle,James reprit :

-Et...Votre patronyme ?

Le même petit sourire se traça sur ses lèvres fines,tandis que ses yeux pétillaient légèrement : son charme pour le moment hors service,elle avait trouvé un esprit résistant et lucide à qui parler.L'officier décida donc d'y aller au culot.

-Il serait fort intriguant qu'une jeune femme de votre allure et de votre prestance ne réponde que par le prénom certes délicat de Satine...Même une pirate ne peut ne pas avoir de nom de famille...

Remarque déballée comme cela,sans fioritures,avec un certain flegme.Et peut-être même pour lui dire,inconsciemment et totalement à l'insu du militaire : "Vous voyez,je vous résiste...Votre petit jeu marche avec les autres,mais pas avec moi.Je suis un adversaire à la hauteur.A votre hauteur."

La belle Sawn gardait toujours confiance en elle... rien ne l'arrêté et rien ne lui fesait peur. Elle savait utiliser ses atouts même s'ils n'étaient pas fiables à cent pour cent mais c'était devenue une arme de défence automatique. Ne voulant pas donner son nom de famille pour ne pas faire honte à sa famille la jeune capitaine le regarda sans rien changer. Toujours ce petit sourire narquois dessiné sur ces lèvres pulpeuse et son regard caraïbe poser sur l'Anglais , elle entendit ses hommes bougonnaient. L'amiral semblait bien trop curieux à son goût après tout son nom de famille de ne le regarder pas... il fallait donner son prénom seulement rien de plus à ce qu'elle savait ! Un instant elle fût déconcertée par un navire il ne lui était pas étrangé loin de là... sans le vouloir elle tomba dans ses souvenirs cherchant ou elle l'avait vu, des voiles noires?? Le capitaine Jack Sparrow et ces deux incolites seraient-ils à port Royal?? Sa soeur serait-elle là...Brutalement, la capitaine fût sortit de sa folie, elle regarda de nouveau l'amirale puis dit machinalement :

- Je n'ai pas de nom de famille... veuillez m'en excusez je vous pris...

Elle ne cacha pas son ironie, trop préocupé par le navire, elle passa doucement sa main dans sa longue crinière brune, le regard perdue mais toujours aussi mystérieux. Allait-elle enfin savoir ce que tout les pirates enfin les grand pirates cherchaient en ce momentt... il fallait qu'elle le sache...

Norrington n'était pas né de la dernière pluie et,pour l'avoir souvent été par le Lord,il savait quand on se fichait de lui ou qu'on voulait le mener en bateau.Tant pis,il trouverait bien l'information ailleurs...Lorsque la capitaine ordonnerait le ravitaillement du navire,les commerçants lui demanderaient bien son nom pour leurs registres de comptes,et l'affaire serait faite.De plus,l'envie de suivre la jeune femme tout au long de son séjour à Port Royal ne semblait pas dénué d'intérêt : ceux qui se taisaient avaient forcément des choses à cacher....Et tout le monde à un passé qui recèle toujours deux ou trois détails croustillants soigneusement mis aux oubliettes pour plus de sécurité...
James suivit le regard de Satine et vit à son tour le Pearl,voguant à quelques miles du port.Un demi sourire lointain apparut alors sur son visage,tandis qu'il faisait la remarque suivante :

-Depuis quelques temps,il s'amuse à venir provoquer le loup dans sa tanière...Assez près pour être vu,mais trop loin pour pouvoir être rattrapé si nos bâtiments le prenaient en chasse.Mais Sparrow sait que s'il s'approche trop près de la bougie,il se brûlera : les canons du fort n'attendent qu'un geste pour couler son Black Pearl.

Tout cela,ce n'était que du bluff,de l'esbrouffe.Le pirate se conduisait comme un enfant,ne se doutant pas du risque qu'il prenait ainsi en s'approchant de Lord Beckett et de sa force de réplique.David contre Goliath,mais qui gagnerait à la fin ? Impossible à déterminer,du moins pour le moment.
L'Amiral revint à la jeune femme,désirant encore un peu combler sa curiosité.Tant de questions lui venaient ! Qui était-elle vraiment ? Que voulait-elle ? Et d'où venait-elle ?

-Et...Vous venez voir de la famille à Port Royal,mademoiselle Satine ? demanda-t-il sans se douter une seule seconde qu'il avait mis le doigt dessus.

La belle capitaine ne lacha pas des yeux le Black Pearls... elle allait enfin découyvrir tout ce qu'il se passait, ce qui fesait vibrer Tortuga et ces habitants. Un sourire s'afficha sur son doux visage, Jack ne pourrait pas lui échaper cette fois et sa elle le savait ... la belle capitaine le connaissait beaucoup et elle savait comment il réagissait quand il la voyait. Puis l'amiral lui demanda ce qu'elle fesait ici, si elle était venue voir de la famille elle répondit simplement

- Peut-etre, sa ne vous regarde pas à ce que je sache...

-Tout comme ce qui se passe à bord du Pearl pour vous... répondit le britannique du tac-au-tac,immensément ironique,même si cela se sentait à peine dans le ton de sa voix.

Au niveau des joutes verbales,James avait suivi un entraînement aussi régulier que précis,Lord Beckett étant passé maître en la matière.Ces petits affrontements gentillets et tranchants comme des lames de rasoir avait montré à l'anglais qu'en toutes circonstances,on pouvait garder pied,et même dominer.

-Quant à votre "peut-être",il prend toutes les allures d'un oui,et je le considérerai donc comme tel.Sachez seulement que je n'ai pas pour habitude de dévorer les personnes à qui je pose des questions,il est inutile d'employer des moyens détourner pour me fournir une ombre de réponse,miss Satine.

L'humour,voilà certainement la plus belle arme du monde.Les yeux bleu gris de Norrington pétillaient d'amusement,son sourire avait réapparu,non,il ne cherchait pas à la mettre en colère,mais juste...A quoi,d'ailleurs ? A montrer qu'il lui résistait ? A tenter d'accaparer son attention afin de dire haut et fort que pour une fois,c'était elle qui était intriguée par un homme,même un tout petit peu ?